Interview, Levalet : « Quiconque travaille dans la rue doit accepter la destruction de son ouvrage »

Pour le vol d'un papillon

Quelques mois ont passés et de l’eau a coulé sous les ponts. L’univers poético-philosophique du prolixe Levalet nous a déjà tant étonné et séduit qu’il fut inconcevable de ne pas donner suite au premier billet.

Rappelez-vous : il escrime les murs d’encre de Chine et chine les moindres recoins de la capitale, en quête d’un lieu propice à la théatralisation d’un petit homme de papier -ou d’un grand homme de concept, c’est selon-. Une kyrielle de réalisations dont voici quelques nouveaux exemples :

Piété - Paris IV

Lettre à l'oubli - Fouras

De l'autre côté

La course

Accrochage

 

Cette plume, il a bien voulu l’aiguiser au détour de nos questions, aussi novices soient-elles, avec tact et didactique. Retour sur un artiste haut en couleurs qui ne jure que par le noir et le blanc -ou presque-.

Levalet, si tu ne devais conserver à l’esprit qu’une seule source d’inspiration…

Je dirais que ma première source d’inspiration reste le « réel », à savoir les lieux dans lesquels j’interviens. La plupart des positions de mes personnages découlent directement de l’espace pour lequel ils sont crées.

Si tu ne devais maintenant conserver à l’esprit qu’une seule de tes créations, laquelle serait-elle, et pourquoi ?

Je pense que je retiendrais « La chute ». C’est, il me semble, la première installation à travers laquelle je suis parvenu à cristalliser un sentiment d’absurdité universelle par la décomposition d’un mouvement simple.

La ChuteLa Chute

Collage + kraft = création éphémère. Est-ce une volonté pour toi de créer une oeuvre qui ne dure pas, ou bien est-ce simplement une conséquence du type de travail que tu chéris tant ?

Le caractère éphémère de mon travail est plus une conséquence qu’un impératif. C’est le prix à payer pour pouvoir travailler librement, sans contrainte d’espace ou de temps. Cela dit, quiconque travaille dans la rue doit accepter la destruction de son ouvrage, c’est pourquoi la documentation du travail (par la photographie) devient quasiment aussi importante que l’installation elle-même.

Derrière tes illustrations poétesses, cherches-tu à faire passer une émotion ou un message particulier ?

Non, je ne prétends pas avoir de message « textuel » à faire passer, sinon j’écrirais plutôt que de faire des images. Cependant, le caractère souvent « narratif » de mes collages engendre (du moins, je l’espère) une réflexion. Le rôle de l’image est d’orienter cette réflexion sans en délimiter les frontières. Il y a certainement un « esprit » qui reste le même d’un collage à l’autre mais je préfère me refuser à le nommer.

L'étrangerL’étranger

Tu as récemment déserté Paris au profit de la petite ville, charentaise, Fouras. Un nouveau terreau fertile, une ouverture au « rural art » ?

Effectivement, on m’a offert l’opportunité d’œuvrer dans cette ville cet été, ce qui m’a un peu permis de varier mon lieu de création. Pour moi, il n’y a pas de grande différence avec mon travail sur Paris. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est d’exploiter des contextes, qu’ils soient urbains ou plus « ruraux » m’importe peu. Si j’ai travaillé essentiellement sur Paris avant ça, c’est avant tout parce que j’y vis.

Corne de brume - Fouras

Fable maritime - Fouras

Sur le fil de l'eau - Fouras

Visite impromptue

Et la réaction des passants, alors… ?

J’ai observé récemment un aspect « participatif » de mon travail que je n’avais pas soupçonné. J’ai vu plusieurs fois, notamment à travers les réseaux sociaux, des images de détournements de mes travaux dans lesquels les passants s’évertuent à interagir physiquement avec mes figures, à en remplacer les objets (voire en rajouter), en somme à modifier la mise en scène pour en modifier le sens. C’est toujours agréable de voir que des gens continuent à faire vivre et évoluer mes travaux malgré moi !

Escrime 1

Escrime 2

Le seuil

Nous vous invitons à rejoindre son blog perso ici-même pour en savoir toujours plus et suivre ses réalisations, concept après concept.

A propos hugovan

Ivan, jeune garçon qui suppute que la vie n'est autre qu'une avalanche de choses à engloutir avant de se faire manger tout cru par la morosité de l'adulterie, essaie de vous tendre la petite cuillère avec ce petit goût de nouveau dedans et de vous en mettre l'eau à la bouche.
Lien pour marque-pages : Permaliens.

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